Codex Battleford

Transcription: 148

Transcription: {[Battleford written on top of the page in red pencil] -11-
   ‘’C’est le 14 octobre dernier que le cher défunt partit,après son déjeuner, pour aller faire un tour de chasse.Il était accompagné de son petit serviteur qui était un de ses élèves.Le temps était froid,et le jeune métis trouvait la journée longue.De bonne heure il demanda au Père la permission de retourner au logis.
‘’C’est bon,répondit le Père, xx va à la maison et tiens le souper prêt;quand j’aurai tiré encore une paire de canards,je retournerai aussi. ‘’Ils se séparent donc;le petit métis retourne et fait ce que son maître lui a commandé,pendant que ce dernier,se livre encore à la chasse,sa récréation favorite.Malheureusement il ne se ménagea point et ne craignit pas de se mettre à l’eau pour aller chercher son gibier.Sa forte constitution dut résister longtemps à cette grosse imprudence,car,vers cinq heures, il fut vu par d’autres chasseurs et tout semblait aller bien.Cependant le souper était prêt et le jeune métis attendait son maître.La nuit arriva et le Père n’était pas de retour.Comme il faisait un magnifique clair de lune,le petit serviteur pensait que le Père chassait plus tard que de coutume.Accablé par la fatigue et dominé par la chaleur du poêle,le cuisinier finit par s’endormir.Il ne se réveilla que le lendemain.Quelle n’est pas sa surprise,sa terreur,en ne rencontrant pas le Père dans la maison!Il court chez ses parents. En un instant l’alarme est dans toute la ville;tout est en émoi. Les uns partent à pied ,d’autres à cheval,vers le lac indiqué par l’enfant.Vers neuf ou dix heures,le pauvre corps est trouvé étendu le long du lac sur une place élevée,sèche et boisée.Hélas! en vain le docteur essaya tous les procédés de son art pour le rappeler à la vie,il dormait du sommeil de la mort.Le cher défunt a dû être surpris par une faiblesse au moment où il se chaussait pour retourner à la xxxxxx mission,car il n’avait qu’un pied nu. De sa main droite il tenait et pressait sa Croix d’Oblat sur sa poitrine;de la gauche, étendue à son côté,il tenait son chapeau.
   …On vint m’annoncer la nouvelle dans ma mission sauvage, à 30 milles de la ville.Ce messager ne m’arrive que le 16,au matin. Je partis aussitôt…Vers cinq ou six heures du soir,j’embrassais les restes glacés de mon compagnon.Il était là; il semblait sourire; mais ni mes larmes ne mes embrassements ne purent le ranimer. Avec moi toute la population de Battleford était dans la désolation. Les plus riches protestants ont rivalisé avec nos catholiques pour rendre au cher défunt les derniers devoirs avec toute la pompe possible,et notre église fut encombrée,le 18 octobre,par la foule accourue à ses funérailles.Les autorités de Battleford étaient absentes ce jour-là.Mais à leur retour,les officiers de la police montée,le juge,le gouverneur m’ont exprimé leurs regrets pour le défunt et leurs sympathies dans mon affliction.
……………………………..C’était un bon Religieux,un excellent Missionnaire,aimé de tous ses Frères en Religion…un apôtre brûlant de zèle….Son corps repose dans notre église.’’
Le P.Lestanc fait un magnifique éloge des vertus de P. Hert. Voir le passage cité et le reste, dans sa Notice Nécrologique. (Notices Nécrol.,t.4,pp.488-500)
   Le P.Hert fut remplacé par le P. André Henri Bigonesse,qui venait d’arriver dans l’Ouest.
   Pendant les derniers mois de 1880 ou les premiers de 1881,}