Codex Battleford
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{[Battleford written on top of the page in red pencil] -7-
suprise! Un prêtre y est déjà à l’œuvre depuis le 16 octobre. C’est le P. Hert,que Mgr Grandin envoyait à mon secours et qui avait accepté l’invitation de M. Forget d’attendre chez lui mon retour de la prairie.A l’instant mon plan est dressé.Pour tirer un sauvage d’embarras,j’avais acheté sa cabane. Ce sera notre résidence; ce ne sera pas un palais,mais nous serons chez nous,x nous vivrons en communauté. Pour église,nous disposerons la bâtisse provisoire que j’avais fait élever le printemps précédent,et,pour la pensions,nous ferons quelque marché avec les voisins.Il ne faut pas trop abuser de la bonne volanté de MM.Scott et Forget.
Tout en travaillant mes plans,je me rends chez M.Forget, où je trouve le petit Père (nom traditionnel des nouveaux venus) installé dans une belle chambre. L’accolade fraternelle fut le salut d’usage; ensuite les nouvelles de la Congrégation,de Monseigneur, de la France; puis les lettres,etc. Que le temps passait vite et agréablement! J’avais un compagnon;je passerai l’hiver avec un frère! Rêves d’un moment! A peine avais-je fait connaissance avec le P.Hert et lui avais-je communiqué mes projets,que plusieurs métis venaient me demander un prêtre pour hiverner avec eux à la rivière La Biche (Red deer),à 200 milles au sud de Battleford. Il y avait là quarante familles métisses et un grand nombre de sauvages.J’hésite quelque temps;il me répugnait de laisser le P. Hert tout seul dans une place exceptionnellement difficile sous tous les rapports. Après avoir bien prié,je me décide à reprendre mon bâton de voyage et à laisser le jeune Père dans la capitale où il n’y a guère que des blancs; avec le français et l’anglais, il pourra répondre aux besoins de la place….Je donne donc à ce cher Père toutes les instructions dont il a besoin,et je pars aves les métis.’’
(Au printemps,le P.Lestanc quitta ses métis et se rendit à Carlton,avec l’espoir d’y rencontrer le P.Leduc,qui se rendait au Chapitre général de 1879.Arrivé trop tard, il revint à sa Mission de Battleford.)
‘’Il me tardait de revoir le P.Hert.Comment était-il? Comment avait-il pu faire face aux exigences de sa position? Le 6 mai, nous nous embrassâmes de nouveau; je reste avec lui trois bonnes semaines et nous goûtons ensemble les douceurs de la vie de communauté. Le petit Père s’était tiré honorablement de l’épreuve; son noviciat dans la vië de missionnaire de Nord-Ouest était fait, et il ne me coûterait guère désormais de le laisser dans sa solitude, quand mes devoirs m’appelleraient ailleurs. Si vous désirez savoir comment ce cher Père passe son temps,le voici : il fait l’école quatre ou cinq heures par jour;il étudie l’anglais et le cris;il a beaucoup de temps de reste.Grâce à Dieu,il parle déjà passablement l’anglais,et,au besoin,il pourrait se tirer d’affaire en cris.Daigne le bon Dieu lui conserver la santé! Pour son tempérament,il n’a pas assez d’exercice.corporel.
‘’Le 31 mai,j’étais au Fort Pitt…(d’où il se rendit jusqu’à St Albert,en passant par le Lac la Biche).Le 29 juin,une occasion s’offre pour rentrer à Battleford,et je laisse,le lendemain, toutes les douceurs de la grande communauté pour retourner vers mes sauvages.Je n’arrive que le 20 juillet chez le P. Hert.Il y avait bien une centaine de loges crises sur les rives de la rivière Bataille,à 1 kilomètre de notre maison.C’est là que je fixe ma tente. C’était en effet le seul moyen de faire quelque bien parmi ces pauvres sauvages. Pendant plus de quinze jours que je passai là au milieu de ces néophytes et catéchumènes,j’eus le}
suprise! Un prêtre y est déjà à l’œuvre depuis le 16 octobre. C’est le P. Hert,que Mgr Grandin envoyait à mon secours et qui avait accepté l’invitation de M. Forget d’attendre chez lui mon retour de la prairie.A l’instant mon plan est dressé.Pour tirer un sauvage d’embarras,j’avais acheté sa cabane. Ce sera notre résidence; ce ne sera pas un palais,mais nous serons chez nous,x nous vivrons en communauté. Pour église,nous disposerons la bâtisse provisoire que j’avais fait élever le printemps précédent,et,pour la pensions,nous ferons quelque marché avec les voisins.Il ne faut pas trop abuser de la bonne volanté de MM.Scott et Forget.
Tout en travaillant mes plans,je me rends chez M.Forget, où je trouve le petit Père (nom traditionnel des nouveaux venus) installé dans une belle chambre. L’accolade fraternelle fut le salut d’usage; ensuite les nouvelles de la Congrégation,de Monseigneur, de la France; puis les lettres,etc. Que le temps passait vite et agréablement! J’avais un compagnon;je passerai l’hiver avec un frère! Rêves d’un moment! A peine avais-je fait connaissance avec le P.Hert et lui avais-je communiqué mes projets,que plusieurs métis venaient me demander un prêtre pour hiverner avec eux à la rivière La Biche (Red deer),à 200 milles au sud de Battleford. Il y avait là quarante familles métisses et un grand nombre de sauvages.J’hésite quelque temps;il me répugnait de laisser le P. Hert tout seul dans une place exceptionnellement difficile sous tous les rapports. Après avoir bien prié,je me décide à reprendre mon bâton de voyage et à laisser le jeune Père dans la capitale où il n’y a guère que des blancs; avec le français et l’anglais, il pourra répondre aux besoins de la place….Je donne donc à ce cher Père toutes les instructions dont il a besoin,et je pars aves les métis.’’
(Au printemps,le P.Lestanc quitta ses métis et se rendit à Carlton,avec l’espoir d’y rencontrer le P.Leduc,qui se rendait au Chapitre général de 1879.Arrivé trop tard, il revint à sa Mission de Battleford.)
‘’Il me tardait de revoir le P.Hert.Comment était-il? Comment avait-il pu faire face aux exigences de sa position? Le 6 mai, nous nous embrassâmes de nouveau; je reste avec lui trois bonnes semaines et nous goûtons ensemble les douceurs de la vie de communauté. Le petit Père s’était tiré honorablement de l’épreuve; son noviciat dans la vië de missionnaire de Nord-Ouest était fait, et il ne me coûterait guère désormais de le laisser dans sa solitude, quand mes devoirs m’appelleraient ailleurs. Si vous désirez savoir comment ce cher Père passe son temps,le voici : il fait l’école quatre ou cinq heures par jour;il étudie l’anglais et le cris;il a beaucoup de temps de reste.Grâce à Dieu,il parle déjà passablement l’anglais,et,au besoin,il pourrait se tirer d’affaire en cris.Daigne le bon Dieu lui conserver la santé! Pour son tempérament,il n’a pas assez d’exercice.corporel.
‘’Le 31 mai,j’étais au Fort Pitt…(d’où il se rendit jusqu’à St Albert,en passant par le Lac la Biche).Le 29 juin,une occasion s’offre pour rentrer à Battleford,et je laisse,le lendemain, toutes les douceurs de la grande communauté pour retourner vers mes sauvages.Je n’arrive que le 20 juillet chez le P. Hert.Il y avait bien une centaine de loges crises sur les rives de la rivière Bataille,à 1 kilomètre de notre maison.C’est là que je fixe ma tente. C’était en effet le seul moyen de faire quelque bien parmi ces pauvres sauvages. Pendant plus de quinze jours que je passai là au milieu de ces néophytes et catéchumènes,j’eus le}